Guernica et Prezi – Pour une étude de l’oeuvre en autonomie

, par Stéphane Renault

Proposé par Stéphane Renault, LP Jean Moulin, Le Chesnay (78)

La majorité des enseignants a aujourd’hui pleinement adopté le vidéoprojecteur. Le diaporama a très vite pris une place importante dans nos usages pédagogiques pour des raisons objectives :
  rassurant, il permet de retrouver exactement ce que l’on a préparé,
  structuré, il offre une succession linéaire de diapositives,
  connecté, on peut intégrer des éléments multimédia,
  obéissant et sans surprise, il n’effectue que les tâches préalablement paramétrées.

Pourtant, et très rapidement, une fois la phase de découverte terminée, on s’aperçoit que le diaporama nous conduit insidieusement vers la démonstration magistrale. En dehors de cette dérive pédagogique évidente, les logiciels de présentation s’avèrent difficiles à partager avec d’autres utilisateurs, à transporter sur d’autres ordinateurs, et, souvent, les images restent tristement figées.
Pour étudier des images, les supports numériques offrent en classe des atouts indéniables : les couleurs, les agrandissements d’image, la disponibilité de supports variés, des sources d’information décuplées par la connexion internet. Mais, si le diaporama guide trop l’élève et limite l’autonomie de son raisonnement, une trop grande liberté peut, à l’opposé, le perdre dans les méandres d’un monde où les informations ne sont ni classées ni structurées.
Dans la perspective de l’épreuve d’histoire des arts du DNB, l’enseignant dispose de peu de temps pour chaque œuvre et les questions suivantes s’imposent souvent :
  Comment perdre le moins de temps possible ?
  Comment permettre aux élèves d’observer distinctement le maximum de détails de l’œuvre ?
  Comment mettre à leur disposition les informations nécessaires pour contextualiser l’œuvre et l’analyser ?
  Comment recueillir leur travail ?
  Comment leur permettre de revoir le document à la maison pour réviser ?
  Comment laisser les élèves « se débrouiller » avec l’œuvre, les mettre en autonomie tout en s’assurant de la qualité des informations recueillies ?
L’idée de faire une séance sur supports numériques oriente souvent, dès le départ, vers l’utilisation d’un logiciel classique de présentation où l’élève est davantage « spectateur » qu’ « acteur ».
La séance décrite ci-dessous s’appuie sur une autre démarche : chaque élève dispose d’un ordinateur connecté à internet.
L’étude de Guernica se fera donc grâce à l’utilisation de l’application Prezi et d’un document Google pour collecter les traces écrites.

PREZI, un outil de présentation efficace

Prezi est un outil en ligne qui permet de créer des présentations dynamiques mais il n’est pas question ici d’un défilement de diapositives. On dispose d’une surface sur laquelle on peut agencer tous les éléments multimédia et surtout y ajouter des zooms tout particulièrement puissants. Il permet aussi de revenir facilement sur un élément mal compris d’un simple trait de souris.

PREZI : une surface à exploiter dans laquelle on peut naviguer pour trouver les informations cherchées

PREZI : un zoom puissant, en un clic.

Son autre intérêt, puisqu’il est en ligne, est d’être accessible en classe mais aussi, pour l’élève comme pour l’enseignant, depuis la maison, sans avoir à faire des manipulations de clés USB, des transferts. On peut néanmoins l’extraire pour une utilisation hors-ligne (par exemple, si le débit de la connexion du lycée risque de ne pas être assez puissant).

L’expérience en classe :

Cette séance a été réalisée en 1 heure.
Pour étudier Guernica, j’avais conscience de devoir insérer dans le document PREZI beaucoup d’informations et de, peut-être, perdre les élèves en chemin. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé l’année précédente. Cette année, j’ai créé quatre documents PREZI différents dont voici les liens :

 Partie 1 : Guernica, le contexte historique

 Partie 2 : le tableau, de sa création à son exposition

 Partie 3 : Guernica, détails et interprétation

 Partie 4 : Guernica, sources et inspirations

Chacune d’entre elles correspond aux besoins des élèves pour l’épreuve orale d’histoire des arts : la connaissance de l’artiste, du contexte historique et culturel, le repérage des indices permettant l’interprétation et surtout la possibilité d’étudier l’œuvre en détail.
Cette démarche est guidée par le questionnaire en ligne. Il s’agit d’un formulaire créé directement dans le Google Drive avec les applications intégrées (il suffit de se créer un compte gratuit). Ici encore, volontairement, la linéarité n’a pas été respectée. Les élèves doivent passer d’une partie à une autre pour répondre aux différentes questions. L’avantage du Google document est de pouvoir récupérer très rapidement les réponses, dans un tableau généré automatiquement pour toute la classe. Ce n’est pas négligeable dans le temps limité de l’heure de cours où, souvent, la fin de l’heure se termine dans l’urgence et une certaine agitation.

Lien vers le questionnaire en ligne.

Avec les élèves :

Les élèves, habitués à l’utilisation de la salle informatique, se connectent individuellement sur leur compte personnel et vont récupérer le document (que j’ai posté auparavant par le biais du réseau du lycée) comprenant la consigne et surtout les liens à exploiter :
« Complétez le questionnaire suivant (le document Google) à l’aide des quatre documents Prezi dont vous avez les liens. Au préalable, lisez attentivement les questions avant de vous lancer dans les recherches. »

Au prime abord, c’est une activité qui convient à la plupart des élèves et dans laquelle ils s’engagent sans question ni arrière-pensée. Quelques uns semblent par contre se décourager car ils ont l’impression qu’on leur demande « beaucoup de choses en même temps ». Mais la salle informatique offre l’avantage d’un changement de posture de l’enseignant : le professeur n’est plus « devant » l’élève, il est à côté et n’est pas « armé de son stylo rouge ». L’élève, face à l’écran et au clavier, est « celui qui agit et contrôle la situation ». L’enseignant ne peut qu’aider à faire. Ce dernier doit cependant être très réactif et mobile…

Au final, je constate qu’au cours de la séance les élèves sont très actifs. Cette démarche permet à chacun de travailler à son rythme, l’enseignant est beaucoup plus disponible pour aider les élèves les moins autonomes. Outre les capacités liées à la compétence « la culture humaniste », les élèves développent celles de « la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication » et « l’autonomie et l’initiative ».
À l’issue de cette séance, les élèves qui ont été interrogés sur Guernica à l’épreuve orale comptant pour le DNB se sont, cette année, beaucoup mieux débrouillés que les années précédentes. La mémorisation des éléments constitutifs de l’œuvre et de leur signification a été bien plus satisfaisante. Ajoutons à cela qu’a disparu le fameux « Picasso, il sait pas peindre ! ». Alors peut-on pour autant imputer ces quelques réussites apparentes à Prezi, il ne faut pas non plus penser qu’il s’agit de LA solution mais tout ce qui peut contribuer à la réussite de nos élèves ne doit en aucun cas être négligé.

Vous pouvez créer votre compte personnel PREZI avec votre adresse de messagerie académique et bénéficier d’un espace personnel de 500 Mo.

(Toutes reproductions avec l’autorisation de la Fondation Picasso)

Remerciements et liens :

Picasso Administration : http://www.picasso.fr

Musée Reina Sofia : http://www.museoreinasofia.es/

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